Et mes poches sont vides...

« J'ai dix sous dans ma poche, j'ai aucun argent. » C'était ce que je chantais à l'instant. Mais le pire, dans l'histoire, c'était que c'était véridique. Tellement véridique. Être un barde réputé, c'est faire des dizaines de concerts, être payé pour chaque représentation, être adulé par un bon nombres de belles demoiselles. Mais être Grim le Roux, barde de bas étage... Ça n'a rien de glorieux. Déjà, pour ce qui est du salaire, ça n'a rien de comparable. En général, je compte sur les bonnes gens les plus aimables pour mettre dans mon joli chapeau noir quelques pièces - et je finis souvent à cavaler, en perdant la moitié de mon butin à cause d'une bande de gobelins voleurs. Parce que les vrais guerriers - et particulièrement les ces foutus gobelins - ne voient pas l'utilité d'un barde. Déjà, par procuration, un barde, c'est gai. Alors que c'est totalement faux. Comme quoi chanter, c'est pour les donzelles. Et danser aussi. N'importe quoi. Les humains ne disent que des conneries sur l'art, ça je peux vous le dire. C'était d'ailleurs peut-être pour ça que je restais cloîtré dans le Petit Pays, entourés des Hobbits qui m'avaient toujours vu grandir (c'est d'ailleurs curieux qu'ils m'aient laissé m'ébattre joyeusement dans leurs terres, moi, l'humain arrivé de nul part, quand il n'était encore qu'un nourrisson). Ah, j'aurais pu faire un héros de légende. J'aurais pu être un demi-dieu, ou quelque chose du genre. Bah non. J'étais juste... Grim. Mais c'est bien, Grim, non? Même pas un petit peu?

Mais vous vous demandez peut-être pourquoi je n'avais plus que dix sous dans ma poche. C'était très simple. Cela faisait des semaines que j'étais loin de chez moi et le peu d'économies que j'avais établies étaient parties dans cette dernière expédition. J'étais revenu bredouille - pour changer -, tremper par les dernières violentes averses et au bord de l'épuisement mortel. Mais rentrer dans ce petit village hobbit - je parle de la hauteur des bâtiments, parce que sinon, c'est un peu la capitale, voyez - m'avait tout de même réchauffé le cœur. Et j'espérais en faire de mêmes aux habitants et autres êtres de passages avec mes chansons - même si celle-ci pouvait paraître particulièrement déprimante. Mais au moins, ils comprendraient certainement le message. A moins que je ne sois entouré que d'abrutis. Mais ça ne pouvait pas être le cas. Quoique, avec ma chance habituelle...

Et mes poches sont vides...

« Change de registre Grim, tout le monde sait bien que t'es fauché! Et c'est pas forcément la faute des nains. » A ces mots - prononcés, vous vous en doutez, par un nain, hein - j'étouffai les cordes de ma guitare. Hum? Comment ça, ils n'appréciaient pas ma musique? Par tout les dieux, qu'est-ce que j'allais faire si, même ici, on ne voulait pas de moi? Un instant je fronçai les sourcils, épris de sentiments forts noirs. J'étais promis à un destin sans avenir. Personne ne chanterait jamais mes louanges et même en endossant ce rôle, je ne servais strictement à rien.

Mais je me changeai rapidement les idées en m'ébrouant soudain. Allez. J'allais pas me laisser abattre par un nain au regard haineux. Je ne me laissais jamais abattre par ce genre de choses. J'étais dans le genre têtu et récurrent, vous voyez - un peu comme une madame pipi. Je réfléchis un instant et, pendant ces quelques fragments de temps, un jeune homme fit son entrée dans la taverne. Tout le monde posa son regard dessus. Mais surtout sur cette titanesque épée, trônant sur son épaule. Elle était carrément plus grande que lui. Je restai bouche-bée, avant de cligner plusieurs fois des paupières et de reprendre mes esprits. Je fis claquer mes dents en refermant mes mâchoires avant de presque m'extasier devant ce nouvel arrivant. Il était... légendaire. Avec cette chevelure de feu, ce regard d'or, cette épée encombrante qui ne lui enlevait pourtant rien à sa classe naturelle. Ça, c'était un héros. Pas un zéro - pas un grimus rouxus.

Et cette prestance, cet air héroïque ne le lâchant pas, subjuguant mes petits yeux bruns qui ne pouvaient s'en détacher m'inspirèrent. J'accordai différemment ma guitare, faisant sonner quelques cordes afin de m'assurer de sa justesse. J'avais un nombre considérable de défauts qu'on me citait assez souvent pour que je sois au courant mais il y avait une chose que personne ne pouvait m'enlever ; j'avais un don musicale certain. Une oreille absolue même - ah, avouez que ça vous la boucle.

Je me souvins, en voyant cet être, d'un certain Baldur. Il se disait Enfant de Dragon, un truc du genre, et même s'il avait un goût un peu trop prononcé pour la consommation d'alcool, il s'avérait être un interlocuteur des plus intéressants. Il m'avait narré, pendant une nuit entière, ses multiples aventures - comme quoi c'était un terrible tueur de dragon et qu'il savait tuer avec sa voix (mais il était vraiment trèèèèèès saoul). Il m'avait alors dérobé ma guitare avant de me regarder dans les yeux et de déclarer "Gram. (Il m'appelait Gram et je n'en comprenais pas la raison) J'vais t'apprendre la meilleure chanson de toute ta vie, tu vas faire fortune et... qu'est-ce que je disais? Fortune... Dragon... Aaaah... Tu veux pousser la chansonnette mon grand? Ecoute moi ça, du lard pur et véritable. De l'art. Du lard. Avoue, elle est bonne non?" Je m'étais contenté de sourire, amusé, avant qu'il ne commence à me jouer une chanson d'une beauté sans pareille. C'était irréel. Cet espèce de gros bourrin alcoolique me sortait l'une de plus belles mélodies que j'avais eu à ouïr dans toute ma misérable existence. Et je la lui réinterprétai tout de suite après, sous ses yeux ahuris. "Chat alors, t'es un sacré musichien. AHAHAHA!" Et je épargnerai le reste de ses propos.

« I tell you, I tell you, the Dragonborn comes... ♫ » Bon, je ne vous cache pas que ce héros loufoque a dû me répéter plusieurs fois les parties en "langue draconique". A vrai dire, j'ai toujours un peu du mal à le croire mais, je chantai ces sons. De toutes façons, quoique je fasse, je passerai quand même pour un con ou du moins un marginal. C'est dans ma nature.

Une fois ce morceau terminé, j'observais les occupants des lieux. Beaucoup d'entre eux s'étaient calmés et avaient désormais trouvé inutile de me railler d'avantage. J'en profitai pour passer entre les tables avec mon fidèle chapeau noir, un petit sourire sincère aux bouts des lèvres - qui, sans mot dire, essayait de les convaincre d'un beau geste. Arrivé au guerrier légendaire, comme mon esprit s'était mis à l'appeler, je m'arrêtai. « Vous devez être un de ces grands guerriers dont je parle parfois dans mes chants. » Et à cet instant même, je luttai contre mon propre être pour ne pas exploser et commencer à lui poser 3000 questions en une seule. Sincèrement, il n'avait l'air ni d'un comique, ni d'un petit marrant et pour tout vous dire, je préférais éviter de me confronter à un être avec tant d'assurance - et surtout avec une arme pareille. Elle cachait forcément quelque chose. Tout comme son propriétaire d'ailleurs. Mais ça, ce ne sont pas mes affaires - même de personne, à vrai dire.

Et mes poches sont vides...

Les grands guerriers ne doivent pas avoir l'habitude que de petits bardes leur collent aux basques. Non, ils doivent juste se redresser un peu, un sourire en coin, en entendant des chant les concernant, sans pour autant crier sur tout les toits qu'il s'agit d'eux. Mais là, le supposé héros que j'avais devant moi était vraiment... différent. Je fus presque étonné de sa réponse. Comme s'il croyait pouvoir me le faire genre "Moi, un héros?". C'était presque du foutage de gueule ça. Mais un instant, je l'observai un peu plus méticuleusement. Il était particulièrement jeune pour être un grand guerrier... Et il ne ressemblait pas tellement à un elfe, donc il ne bénéficiait très certainement pas de leur jeunesse éternelle. Alors,soit il était vraiment très humble et particulièrement doué pour son âge - il était assurément plus jeune que moi - soit c'était... un mage qui... fabriquait des potions de rajeunissement. Ah, mais les mages se battent rarement à l'épée - surtout une pareille. Il me coupa dans mes multiples idées - qui allaient sans doute s'empirer niveau absurdité - en me répondant et à cet instant précis, mes pupilles s'éclairèrent d'une petite lumière scintillante. Cet inconnu m'accordait tout ce que j'espérais depuis toujours ; un peu d'attention. Cela me surprit tellement que je ne répondis pas tout de suite, avant de rapidement me rattraper. « Euh oui, bien sur. C'est... ce que je suis censé faire, donc... »

Je réfléchis quelques instants, mes paupières se plissant dans ma réflexion. En fait... Je n'avais jamais réellement vécu de récit avec un guerrier. A vrai dire, je ne faisais que les écouter. Je n'avais pratiquement jamais participé à leur quête. Mais, même si le monde entier me trouvait un nombre conséquent de défaut, j'avais le mérite d'être sincère. « Je ne suis que barde et peu de guerriers s'en encombrent. A vrai dire, je ne fais que rapporter leurs exploits. » Je dis cela avec un petit sourire - je n'allais pas me plaindre non plus. Même si c'était mon rêve absolu de repartir à l'aventure - parce que oui, ça m'est déjà arrivé quelques fois -, je me contentai de gratter les cordes de ma guitare, en attendant quelque chose de mieux. Et ça avait porté ses fruits, jusqu'ici.

Cependant, pour une fois que quelqu'un me demandait quelque chose - je veux dire, me demandait autre chose que de me taire -, il fallait que je le fasse absolument. Je m'éclaircis donc la voix avant de continuer « D'ailleurs, vous voir m'a fait penser à un certain Baldur, j'ignore si son nom vous est connu. Il se dit Enfant de Dragon et prétend pouvoir tuer ces dragons juste en poussant un cris. » Mouais, j'avais trop pas l'air convaincant, dans ma chemise blanche bouffante, avec mes longs cheveux roux reflétant la lumière des bougies, le regard fixé sur ce guerrier. « Il y a d'ailleurs plusieurs chants qui parlent de lui... Si vous le désirez... » J'écartai les mains en effectuant une petite révérence qui devait signifier ; je suis à votre service. C'était tout à fait cela. Quoiqu'il me demande, je le ferai parce que j'admirai avec quelle gentillesse il me prêtait attention, cet espèce de légende sur patte face à Grim Le Roux.

Et mes poches sont vides...

Ah. Fort bien, il ne devait absolument pas me connaître. C'était vraiment pas un gars du coin. Je me demandai d'ailleurs d'où il pouvait bien venir. Avec ses yeux mordorés lui donnant un air particulièrement irréel. Il se mit même à me revendiquer les avantages d'être barde. J'eus un petit rire ironique ; non mais, franchement, il croyait vraiment que j'avais jamais essayé de me rallier à une quelconque compagnie? C'était typique des guerriers, ça ; ils savent en général tout mieux que tout le monde et estiment très rapidement ce qu'on est. Bon, sur le coup il devait pas avoir tort à mon sujet, il devait surement me considérer comme un clampin que la société considérait comme un lourd poids à traîner. Mais je n'ajoutai rien - je ne voulais pas me retrouver à me battre avec lui, me faire traîner dans la boue par la moitié des gens présents et piétinés par l'autre moitié. J'étais... prévenant on va dire.

Surtout qu'il eut l'air soudain très - vraiment très - intéressé par mes propos. C'en était presque étonnant. Alors comme ça, l'Enfant de Dragon lui disait quelque chose. Et je vous assure que quand il sortit cette pièce brillante, sous-entendant qu'elle m'était promise si je répondais correctement à ses attentes, je fus épris du même intérêt. C'était doublement magnifique ; j'étais enfin apprécié à ma juste valeur et à celle de mon savoir et en plus de cela, ce serait plutôt lucratif. Par tout les dieux ; il fallait que je me surpasse sur ce coup-là.
Je me levai vaillamment quand il ajouta une phrase dont je ne perçus par vraiment le sens. Il semblait parler à un certain maître... Je plissai les yeux un instant, en pleine réflexion avant de vite balayer cette distraction ; nom d'un chien j'étais entrain de jouer ma survie de la semaine.

Je m'éclaircis la voix, m'assurai de l'accordage de mon instrument avant de commencer, souriant. Je l'étais quasiment toujours quand je jouais - sauf si la chanson ne s'y prêtait guère. Etant donné que celle-ci était presque un hymne à la joie pour cet Enfant de Dragon, je pouvais me le permettre.

« L'Enfant de Dragon, l'Enfant de Dragon, sur son honneur a juré,
De tenir le mal éloigné !
Les plus féroces ennemis mis en déroute par son cri,
Enfant de Dragon, pour ta bénédiction nous venons prier !

Alors, écoutez, fils de la neige à la nuit des temps,
Il y a fort longtemps, l'Histoire héroïque qui résonne en Bordeciel !
Avec dans ses veines le sang des dragons autant que celui des hommes,
Son pouvoir rivalisait avec celui du soleil !

Et la Voix, il fit entendre, sur ce champ de gloire,
Quand Tamriel fut agitée par la guerre !
Le puissant Thu'um faucha ses ennemis comme une lame,
Quand l'Enfant de Dragon rugit naguère !

L'Enfant de Dragon, l'Enfant de Dragon, sur son honneur a juré,
De tenir le mal éloigné !
Les plus féroces ennemis mis en déroute par son cri,
Enfant de Dragon, pour ta bénédiction nous venons prier !

Et les Parchemins ont prédis la venue des ailes noires dans le froid,
Quand la guerre sera de nouveau déclarée !
Alduin, le fléau des rois, ancienne ombre libérée,
Dont la faim dévorante pourrait le monde avaler !

Mais un jour viendra où le dragon noir, enfin,
Sera réduit au silence à tout jamais !
Et Bordeciel sera libérée de l'ombre d'Alduin,
Enfant de Dragon, tu l'auras sauvé !

L'Enfant de Dragon, l'Enfant de Dragon, sur son honneur a juré,
De tenir le mal éloigné !
Les plus féroces ennemis mis en déroute par son cri,
Enfant de Dragon, pour ta bénédiction nous venons prier ! »

Après une petite révérence à l'adresse de mon seul et véritable auditeur - ce jeune guerrier dont je me rendis compte que je ne connaissais même pas le nom - je repris place à ces côtés avant d'ajouter « Il me l'avait également apprise en draconique mais je doute que vous le parliez... » A vrai dire, s'il ne m'avait jamais gentiment fait la traduction, je n'aurais jamais compris ce que je baragouinai. Et à part cet étrange bonhomme affabulé d'un casque à cornes, je ne connaissais personne capable de comprendre ce langage - à part les dragons, mais voyez-vous, je n'avais pas l'honneur d'en compter dans mes connaissances. « Si, par tout hasard, vous cherchez Baldur, il est parti vers le nord, il y a de cela environ... Deux semaines. D'après ses dires, je l'ai trouvé plutôt tourmenté et surtout en manque de reconnaissance et il compte faire ses preuves dans nos terres. » Je pouvais sembler plutôt bavard mais essayez de me comprendre ; quand enfin quelqu'un demandait mes services, je ne pouvais me permettre de ne le faire qu'à moitié. C'était tout à fait extra de se sentir, pour une fois, important aux yeux de quelqu'un.

Et mes poches sont vides...

Alors c'était donc ça! Si ce jeune guerrier prêtait tant d'attention à mes paroles c'était qu'il cherchait réellement cet Enfant de Dragon. Un instant, je me dis qu'avec pareille arme il ne devrait faire qu'une bouchée d'un dragon... Alors pourquoi il ne le faisait pas lui-même? Enfin, je ne sais surement pas très bien ce que représente l'élimination d'une de ces créatures. Quand l'Enfant de Dragon m'en avait parlé, j'avais cru comprendre que c'était relativement assez facile pour lui. Il m'avait juste précisé qu'une fois qu'ils étaient plusieurs, ça se corsait un peu, surtout s'ils se trouvaient être des dragons millénaires ou encore ancestraux. Mais vu qu'il était toujours là, je supposai qu'il n'avait jamais failli.

Quand il se tut soudainement, mes sourcils se levèrent, sous l'effet de la surprise. Bah quoi? Je compris rapidement la raison de son silence en me retournant. Je soupirai. C'était encore une fois pour ma pomme - parce que je doutais qu'ils en veuillent vraiment à ce garçon. Ce garçon qui eut la présence d'esprit de se présenter avant qu'on ne se fasse accessoirement dégommé - enfin, il plaisantait pour lui, n'est-ce pas? C'étaient pas deux, trois soulards notables qui allaient en venir à bout. Enfin, j'espérais pour lui. Car, personnellement, c'étaient les ennemis que je combattais le plus souvent et j'étais toujours bel et bien vivant.

« Grim. Ce fut un plaisir de vous êtes utile. » Je dis cela en me levant, comprenant bien que nous n'allions très certainement pas en rester là.

Et j'avais raison en soupçonnant notre jeune homme d'ironie absolue. A l'instant où il répondit à ces gaillards, je fronçai les sourcils, soudainement pas très rassuré par le sombre visage qu'il arborait. Un moment, j'eus cru que ce n'était plus cet Atreyu devant moi, mais plutôt quelqu'un d'autre, comme s'il était... possédé. Mais je n'eus pas l'occasion d'y prêter plus d'attention ; il n'en fut qu'une bouchée et je n'eus même pas le temps de réagir, soudainement écrasé par une masse alcoolisée plutôt dérangeante. Je m'en extirpai en me frottant la nuque - celle qui venait de se fracasser contre le sol, sous le choc. J'agrippai habilement la pièce tant convoitée en écoutant les dires d'Atreyu - maintenant que je connaissais son nom. J'observai le reste du bar et tout ici m'hurlait de dégager. Je lançai un regard au guerrier, tout en réfléchissant. C'était une chance à saisir, non? Ou du moins à tenter.

« Fort bien. » Un dernier fragment de réflexion plus tard, je continuai. « Ne pensez-vous pas qu'il faudrait quelqu'un avec vous, capable de le reconnaître? Ou même ne fusse que de vous éviter de vous faire attaquer par cet homme, plutôt impulsif de nature. Il connaît assez mon visage que pour s'abstenir de m'attaquer - à vrai dire nous sommes plutôt en de bons termes, pour des compagnons d'une nuit. »

Je n'inventais rien ; Baldur avait tout de suite accroché avec moi, décrétant qu'il me trouvait plutôt marrant avec mes cheveux de feu et ma guitare ronde - à vrai dire, ce jour-là, c'était un banjo. Cependant, je doutai un instant que l'alcool qu'il avait ingéré ce soir-là ne lui ai fait oublier mes traits. Je verrai bien.

Et mes poches sont vides...

Ma joie fut incontestablement immense en recevant la réponse positive du guerrier. C'était sans doute un des plus beaux jours de ma vie et je remerciai intérieurement tout les dieux que je connaissais, du bien qu'ils me donnaient là. Mais mon euphorie fut de bien coutre durée ; à peine me remettais-je de m'être fait lamentablement écrasé par un de ces loubards qu'un de leur acolyte nain s'en prenait à nouveau à nous. En voyant l'esquive d'Atreyu, je reculai d'un pas vif, sur le quivive. Nous ne serions donc jamais tranquille - il faut dire qu'avec sa précédente démonstration et le grabuge que nous avions causé, nous étions désormais plutôt mal vus.

Je m'enquis de faire un pas de côté quand le nain s'écroula lourdement dans les tabourets, m'évitant ainsi un autre coup perdu. J'étais l'exemple typique et souvent cité du "dommage collatérale". Je n'étais jamais là où il le fallait, quand il le fallait. A part peut-être aujourd'hui. Enfin, un guerrier était véritablement intéressé par les services que je lui proposai. Et c'était terriblement réjouissant pour le petit barde roux que j'étais.

Je souris à la remarque de mon nouveau compagnon avant de le suivre vers la sortie ; il valait mieux pour nous deux qu'on ne reste pas plus longtemps ici. Une fois sur le chemin, je regardai au loin et pris une grande bouffée d'air, profitant dans la sensation exquise qu'il me procurait en s'intimant au plus profond de mes poumons. Le voyage serait sans doute long, Baldur devant avancer à grands pas où ses jambes le conduisaient. Si ça tombe, il n'était même pas parti vers le Nord, en fin de compte. J'emboîtai le pas au guerrier en fredonnant doucement le chant que j'avais interprété peu avant pour lui ; Dovakhiin, nous te retrouverons.